« Salut patron, je vous donne ma lettre de démission. Je pars traverser les États-Unis à pied. » Il a bien ri, puis il a compris que, pour une fois, j’étais vraiment sérieuse.

C’est comme ça que j’ai « officialisé » mon premier thru-hike, avec une lettre de démission, mon plus grand sourire et une explication de ce dans quoi je m’engageais.

Thru-hike ? Thru-hiking ? Thru-hiker ?

Il n’y a pas de définition officielle

Le thru-hiking diminutif de through-hiking se traduit en « randonner à travers ». Ce terme prend son origine aux États-Unis et désigne un parcours de bout en bout, sans interruption et en autonomie d’un sentier de longue randonnée.

Pour faire simple : Partir d’un point A et marcher jusqu’à un point B. Comme partir de la frontière Mexicaine pour rejoindre le Canada à pied.

Remarque : Le thru-hiking c’est un peu comme nos chemins de Grande Randonnée en plus sauvage et avec un mot anglais pour le définir.

C’est quoi son histoire ?

L’origines du thru-hiking remonte aux premiers pionniers et explorateurs qui ont parcouru les terres sauvages à la recherche de découverte et d’aventure.
Aux États-Unis, l’Appalachian Trail, ouvert en 1937, est l’un des premiers sentiers de thru-hiking officiels, inspirant depuis lors des générations de passionnés de plein air à relever le défi.

Il existe d’autres sentiers emblématiques comme le Pacific Crest Trail, le Continental Divide Trail, le Colorado Trail, l’Arizona Trail du côté des États-Unis, le Great Divide au Canada, le Te Araroa en Nouvelle-Zélande et, depuis peu, l’Hexatrek en France.

Remarque : La liste des thru-hikes est loin d’être complète 😉

C’est un effet de mode ?

Oui, Non, peut-être ?
La randonnée longue distance n’est pas un phénomène nouveau, mais pourquoi de plus en plus de marcheurs se lancent-ils dans cette aventure ?

Tout d’abord, il y a cette recherche de liberté et d’émerveillement, cette envie de s’évader du quotidien oppressant de la société moderne. Partir en randonnée longue distance offre la possibilité de s’émanciper des contraintes de la vie urbaine, de se libérer du rythme effréné imposé par la société.
Le confort prend une toute nouvelle signification, basée non pas sur les biens matériels, mais sur la satisfaction de vivre en harmonie avec la nature et en accord avec soi-même.
C’est l’opportunité de ralentir, de s’accorder du temps. Le temps de respirer, d’observer, de ressentir chaque pas comme une déclaration d’indépendance.

Ensuite, il y a ce désir profond de se reconnecter avec la nature, de retrouver ce lien primordial avec notre environnement sauvage. Marcher quotidiennement à travers des paysages époustouflants (et parfois vraiment moches) donne l’occasion de contempler les levers et les couchers de soleil, d’apprécier le chant des oiseaux, le murmure des ruisseaux, de ressentir le vent caresser son visage après une longue ascension. Tous ces instants précieux et simples de la vie que l’on a tendance à oublier dans la tourmente du quotidien.

Marcher sur de longues distances offre également l’occasion de se connecter aux autres. Loin de la civilisation et sans réseaux, les connexions et les conversations sont souvent plus sincères, plus profondes, plus intimes en raison du moment éphémère. C’est lier des amitiés avec des parfaits inconnus qui partagent votre passion, c’est se voir offrir un toit pour la nuit par des habitants locaux désireux de partager leurs histoires et d’écouter les vôtres.

Mais un thru-hike est aussi un défi personnel, un moyen de repousser ses propres limites, de découvrir sa résilience et sa force intérieure.
C’est aussi vivre avec un manque de confort, dormir à même le sol, boire de l’eau qui ne donne pas envie, parfois ne pas se doucher pendant plusieurs semaines, manger toujours la même chose, creuser un trou pour faire ses besoins, et bien plus encore.
C’est l’occasion de se confronter à soi-même, de surmonter ses obstacles, ses doutes et ses peurs, de se prouver qu’il est possible de réaliser ses rêves si l’on s’accorde du temps et les moyens nécessaires pour cela.

Enfin, il y a cette quête de sens, ce besoin de trouver une nouvelle perspective sur la vie. Marcher pendant des semaines, voire des mois, à travers des paysages grandioses, en rencontrant des personnes inspirantes, en vivant au rythme de la nature, permet de découvrir une autre manière d’être au monde. C’est une invitation à l’introspection, à la réflexion sur nos valeurs et nos priorités, à la recherche d’une harmonie intérieure.

Bref, vous l’aurez compris, marcher sur une longue distance est une aventure profondément transformative, une expérience qui vous marque et qui vous obsède. C’est une exploration de soi-même, du monde qui nous entoure, des autres et de la beauté simple de la vie. C’est pour toutes ces raisons, je pense, que le thru-hiking est « à la mode ».

S’aventurer sur un thru-hike, c’est aussi apprendre une nouvelle langue. Vous pouvez retrouver ici : l’ABCDaire du thru-hiker.
Et vous, quelle serait votre définition du thru-hiking ?